Cases, bulles et tube cathodique: Le magazine "Télé Junior".
Si durant notre prime jeunesse la télé fut notre premier pourvoyeur de divertissements ( et de culture, n'en déplaisent aux pisses froids.), la lecture, sitôt que nous en eûmes maîtrisée les rudiments, devint très vite le moyen essentiel de nous forger notre univers imaginaire d'enfant, fondation de nos passions d'adultes. Outre les romans (chère "bibliothèque verte"...), les magazines jouèrent un rôle non négligeable. Parmi la multitude de parutions pour la jeunesse qui s'étalaient généreusement sur les gondoles de nos kiosques, "Télé Junior" avait toute notre attention. Car ce dernier avait la particularité de prolonger le plaisir que nous procuraient nos héros télévisés.
"Tintin Magazine", "Castor junior", "Spirou magazine", le mythique "Pif Gadget"... La fin de décennie 70 a été particulièrement généreuse envers les têtes blondes qui furetaient dans les rayonnages de nos revendeurs de journaux et magazines. Ces petits affamés de bandes dessinées étant pour la plupart nourris au lait télévisuel, c'est comme un seul homme qu'ils se jetèrent sur le premier numéro de "Télé Junior" lorsque il sorti en 1977.
S'il est vrai que le magazine fait la part belle aux héros dotés de supers pouvoirs, les héros classiques ne sont pas en reste. Les personnages issus de séries à succès ont tous leurs places dans "télé junior". Y compris les plus improbables, comme celle se déroulant dans un "univers impitoyaaaableuh".
Les planches de scénarios et dessins intégralement Françaises y côtoyaient des planches en provenances des Etats Unis.
En résultait un aspect d'ensemble hétérogène dû aux styles graphiques disparates, permettant ainsi de découvrir des influences variées suivant les continents d'origines des planches, mais qui pouvait nuire parfois à l'unité du magazine.
Avant qu'il ne cède au fil des années de plus en plus de place aux planches Made in USA, ou de rééditions de bandes dessinées Franco Belges, ce pour des raisons évidement économiques,"Télé Junior" su attirer de grands noms de la bande dessinée Française. Nous vous proposons un petit tour d'horizon, non exhaustif, du noyau dur des dessinateurs et scénaristes du "magazine des héros de la télé". Nous débuterons par Roland GAREL, qui su mettre en images, comme personne, les avions de chasses Corsair des "les têtes brulées". Il collabora à de nombreux autres magazines, comme "télé loisirs", "le nouvel Observateur", "Télé 7 jours", et de très nombreux et prestigieux journaux Européens.
Si "Télé junior" su s'entourer des meilleurs dessinateurs et scénaristes du moment, il permit aussi à de jeunes débutants de se faire un nom. Comme c'est le cas avec Roland GREMET, qui se révéla au grand public avec l'adaptation de la série Allemande "Super Bug". Le magazine "Tintin" fit par la suite appel à lui jusqu'en 1984, et reprit pour "Pilote" ce classique de la BD Française qu'est "Fripounet et Marissette". Aujourd'hui, bien que toujours en activité, mais désirant avant tout partager sa passion pour le dessin, GREMET est devenu professeur à l'école des beaux arts de Reims.
Le coup de crayon de Gérald FORTON est reconnaissable entre mille. Ses ombres d'un noir profond sont sa marque de fabrique. Natif de Bruxelles, le petit fils de Louis FORTON, créateur des "Pieds nickelés", débute en 1950 au magazine "caméra 34". Durant la décennie qui suivie, il collaborera au "magazine de Spirou", "Bonnes soirées" et "Zorro magazine". Dans les années 70, c'est pour le magazine "Vaillant" qu'il illustrera pour la première fois "les mystères de l'Ouest". Et en 77 il reprendra les aventures de James West au profit de "Télé Junior". Pour le magazine il dessinera aussi "Spiderman", "Thor", "Hulk, "Submariner", "Les Quatres fantastiques", et le trés Français "Thierry la Fronde".
Au début des années 80 il s'expatrie aux Etats Unis, et dessinera pour rien moins que les éditions Marvel! Pour parfaire son réve Américain, il deviendra storyborder pour le cinéma et la publicité. Malgré son exil Californien, il alimente toujours le marché Franco Belge de ses oeuvres, notamment pour les éditions Sémic.
Insigne honneur pour Jorge DOMENECH que d'adapter en bande dessinée la méga star du Manga qu'était "Goldorak" à la toute fin des années 70. Originaire d'Espagne, il débuta au journal "Pilote" en 1960, tout en illustrant le magazine "Le Pélerin". A l'opposé de la feuille de choux des culs bénis, DOMENECH se "frotta" en 1975 à la bande dessinée "hum hum" en collaborant au mensuel "Emmanuelle et le palais des plaisirs", sous le pseudo de SOLER. Outre les aventures du prince d'euphor, DOMENECH illustra pour "Télé junior" les séries "Drôles de dames" "et "Holmes et Yoyo". En 1981 il s'orientera vers le dessin animé, avant de prendre une retraite méritée en 1991.
Des visages expressifs, le trait précis et raffiné. Aucun doute, nous avons à faire à Pierre FRISANO. Dessinateur précoce, il débutera après guerre, à 14 ans, aux éditions Sagéditions, au coté de Jean, son frère ainé. Il y signera les couvertures de "Amok" et "Alain la foudre".
Il collaborera au court de sa fructueuse carrière à de nombreux magazines, dont notamment les revues féminines "intimité" et "nous deux" durant les années 60, et "Daktari", "Bibi fricotin" durant les années 70. A la même période, Il dessinera également des histoires fantastiques, pour les formats poches que furent "Défi", "Fantastik" ou "Vautour". Et c'est à l'orée des années 80 qu'il ravira les lecteurs de "Télé junior" avec ses deux séries à suivre, "Fantomas" et "San Ku Kaï". Par la suite il exercera ses talents pour "Métal Hurlant", "Pif gadget", "Pilote" et "Spirou". Durant la période 1975 et 2007, il publiera pas moins d'une trentaine d'albums.
Il savoure aujourd'hui une retraite bien gagnée.
P.L DUPUIS est né en 1929 à Dieppe. Ce nordiste débutera en 1950 avec "Aigle noir", aux éditions Elan. Deux plus tard, il rentre à l'illustre magazine "Vaillant". Durant les vingt ans des décennies 50 à 70, ce bourreau de travail réalisera des centaines de couvertures et planches de bandes dessinées. Notamment pour "le journal de Spirou", pour lequel il fournira trente cinq histoires complètes des "Histoires de l'oncle Paul", mais aussi pour "Zorro l'invinsible", "Eric le Viking", "AirMan", "France Dimanche", "Nous deux","ici Paris", "La vie ouvrière", "intimité", "Fillette", "la semaine de Suzette"...Et la liste est encore longue!
De 1974 à 1985, il dessinera les onze volumes de la série "La seconde guerre mondiale", qu'édite Hachette. Apprèciant avant tout la diversité, P.L DUPUIS produira des planches à l'exact opposé du monument de la bande dessinée historique qui l'accaparait durant ces dix ans. Comme les illustrations des novellisations pour jeune public de "Goldorak", aux éditions Rouge et Or, ou l'adaptation de "Super Jaimie" pour..."Télé junior"! C'est bien, il y en a qui suivent.
Durant cette même période, décidément trés prolifique, il illustrera les biographies des "Grands capitaines" aux éditions Dargaud, et cinq albums de la série "l'encyclopédie en bande dessinée", aux éditions P Auzou. En 1986, il se risquera à un "grand écart" artistique, en s'adonnant à la bande dessinée érotique. Il illustrera la série hum hum "Jartyrella", des éditions Garanciére , "Picabo" pour le magazine "Bédé Adult'" en 1987, et "Pendant la dernière guerre" pour Média 1000 en 1995.
-Le scénariste SACHA. De son vrai nom Serge Broussine, exerça pendant quinze ans le beau métier d'architecte décorateur, avant de créer "Dragonet" pour "France soir". Il fut le scénariste le plus prolifique de "Télé junior". Il écrivit notamment les histoires de "Goldorak", "Super Jaimie", "Fantomas" ,"Les têtes brulées", et de nombreux personnages de l'écurie Hanna-Barbera.
-Jean Marie PELAPRAT scénarisa lui aussi les aventures des héros Made in Hanna-Barbera.
-Norbert Fersen cumula le métier de dessinateur ET scénariste. Ainsi, il fut l'artisan des adaptations de "La bataille des planètes", "Prince Saphir", et occasionnellement de "Goldorak", "Capitaine Caverne", "Mantalo", ou "Momo et ursul". Il fut aussi le rédacteur en chef du petit frère de "Télé junior", "Télé Parade".
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