Bestiaire Universal:Buste de Boris Karloff dans "La Momie", le modelage.
On ne peut le nier, Vincent a des idées et des projets à revendre. Drame, il n'a ni la volonté ni l'obstination nécessaire pour les mener à bien. D'aucuns diront qu'il lui manque aussi une certaine dose de talent, mais devant sa (très) faible production, et donc le manque de matière pour en juger, laissons lui le bénéfice du doute. Ce qui ne l'empêche en rien de s'attaquer à une figure légendaire du bestiaire Universalien, j'ai nommé la Momie! Mais pas n'importe laquelle. Car sous les bandelettes se cache rien moins que Boris Karloff, maléfique Imhotep revenu d'entre les morts pour reconquérir son amour plusieurs fois millénaire.
C'est en 1932 que déboule sur les écrans "The Mummy", réalisé par Karl Freund. L'histoire débute en 1921, avec la découverte à Thébes de la momie du grand prêtre Imhotep. Rendu à la vie suite à la lecture du manuscrit de Toth par l' archéologue Ralph Norton, Imhotep disparait dans le desert Egyptien. Il en reviendra 10 ans plus tard, se faisant passer pour Ardath Bey, un riche Egyptien. Il prétera main forte à l'Egyptologue Franck Whemple afin de retrouver le tombeau de Anck-es-en-Amon, son amour interdit. Une fois fait, il n'aura de cesse que de tenter de ressuciter sa princesse, quitte à sacrifier Helen Grosvernor, la réincarnation de Anck-es-en-Amon, et fiancée de Franck Whemple. Les plans maléfiques de Imhotep/Ardath Bey seront déjoués, et il finira par se décomposer en poussiére.
La Universal est à cette époque en plein essor. Et notamment grace à son cheptel de monstres, qu'elle exploitera sur tous les tons, et jusqu'à épuisement de l'intérêt du public. Cette momie là est la toute première a s'épanouir sur un grand écran. Et son producteur Carl Laemmle.jr a la bonne idée de confier le rôle titre au grand Boris Karloff, alors au faîte de sa gloire, suite à sa mémorable interprétation de la créature de Frankenstein en 1931 (il récidivera par deux fois dans ce rôle, en 1935 dans "The bride of Frankenstein" et en 1939 dans "Son of Frankenstein"). Celui ci, bien que rompu aux longues séances de maquillage, endurera difficilement les huit heures quotidiennes passées entre les mains du maquilleur Jack Pierce, afin de devenir ce prêtre Egyptien plusieurs fois millénaire. Mais ces longues heures de torture permirent à Boris Karloff de créer un personnage fascinant de froideur qui hantera à tout jamais l'univers fantastique.
Photo d'un plan ne figurant pas la version définitive du film. Elle se situe juste aprés la résurrection d'Imhotep, suite à la lecture à voix haute du manuscrit de Toth, manuscrit qu'il dérobe au jeune archéologue, quelque peu sous le choc.
Les plus fidéles et les plus observateurs d'entre vous connaissent l'amour que voue Vince pour les monstres et les films de la Universal. Et tout particulièrment ceux interprétés par Boris Karloff. Alors, dans un grand élan de passion (et d'inconscience aussi..) pour cet acteur, il décida un beau matin de créer un buste à son effigie. Le monstre de Frankenstein ayant été exploité à outrance, et souvent avec grand talent, il opta pour le personnage de Imhotep. Il se référa pour l'échelle aux mini-bustes "Classics Monsters" que la société Sideshow avait édité il y a de ça quelques années. Après avoir accumulé photos et document concernant le personnage, il se lança:
Le socle, modelé en Super Sculpey, est inspiré des stéles votives découvertes dans le temple de Serabit el Khalim (Ca ne vous avance pas plus, mais ça fait le mec qui s'est vachement documenté!) . la créature de Frankenstein de chez Sideshow sera la référence concernant l'échelle, qui se situe vers les 1/4.
Tout en préparant le "Squelette" basique (une croix en fil de fer!), Vincent s'attaqua au modelage du socle. Il accumula le SuperSculpey autour d'un noyau en bois, le lissa et le modela une fois la forme rectangulaire obtenu. Il y grava en creux des hiéroglyphes, puis textura l'ensemble afin de lui donner un aspect vielle pierre ayant traversée les siècles.
Pour obtenir cet aspect vielle pierre, il est nullement indispensable d'être un grand artiste (la preuve: Vincent obtient de très bon résultat en un minimum de temps. C'est dire!). il vous suffit de faire une boulette de papier aluminium alimentaire, que vous roulerez sur toute la surface à texturer. Puis, selon les goûts, vous pourrez atténuer cet effet à l'aide d'un pinceau imbibé d'essence de térébenthine(attention au dosage et à ne pas "fondre" les détails du modelage.), ou tout simplement au doigt. Une fois le modelage finalisé, vient l'étape de la cuisson du SuperSculpey.
La cuisson est une étape importante. Le distributeur de cette merveilleuse pâte conseille de cuire vos pièces au four(130°). Vincent, lui, préfère l'emploi du décapeur thermique! Cet appareil de bricolage bien utile pour remettre à nu vos vieux volets, permet une cuisson du Sculpey "sur mesure": En effet, la cuisson au four est une cuisson globale, entrainant le risque de bruler les parties les plus fines. Avec un décapeur, vous pourrez sans problème vous appesantir sur les parties les plus volumineuses sans risquer de bruler les parties les plus minces. Ainsi, Vincent à pu cuire et recuire après retouches le nom du personnage sans courir le risque de bruler l'ensemble, qui était déjà finalisé. Ultime argument en faveur de cette méthode, son coût: Entre le préchauffage et la cuisson, un four consommera bien plus qu'un décapeur de 2000W, qui ne fonctionnera qu'une poignée de minutes. Le socle est fin prêt pour son moulage!! Parallèlement au socle, Vincent travaille d'arrache pied au buste lui même. On ne le reconnait plus. Pas le buste, Vincent! Vous ne suivez pas!
Après une longue, très longue période de gestation (il a insisté pour que nous employons ce termes. Léthargie aurait cependant était plus adapté...), Vincent consent enfin à sortir de sa chambre funéraire, pour nous exhiber sa momie en développement.
Cette première étape, dont il n'est pas particulièrement fier, lui permet cependant de cerner les erreurs. Une fois localiser, Vincent s'attellera à s'approcher au plus prêt de la vision qu'il a de ce personnage pour lequel il a passé tant d'heures devant son écran, les yeux embués par l'émotion. Mettez vous cinq minutes à la place de sa compagne : Que penser d'un garçon qui se pâme devant un grand prêtre Égyptien revenu à la vie ?
Mais cette passion pour Imhotep le rend encore plus exigeant. De corrections en correction, il commence à finaliser "Son" Boris, comme il l'a affectueusement dénommé.
Les bandelettes demande la plus grande attention, étant à la momie ce que la cape rouge est à Superman, ou les talonnettes à Sarkozy : un accessoire indispensable!
Vincent s'apprête donc maintenant à tester une nouvelle technique d'embaumement, à base de silicone et de résine, afin que ce serviteur du Pharaon puisse traverser les siècles sans dommage. Et c'est juste LA que cela se passe.