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De griffes et d'écailles: Buste de "La créature du lagon noir", le modelage.

19 Octobre 1982, 20 heures 30. Comme des millions d'autres téléspectateurs à travers la France, Vincent, alors pré pubère boutonneux, a les yeux rivé sur le tube cathodique familial diffusant les programmes de FR3. Nous sommes Mardi, et le Mardi, c'est M'sieur Eddy qui nous présente sa "Dernière séance". Mais ce Mardi est particulier! Car ce soir là, c'est un "film de monstre" que nous propose Eddy Mitchell. Et en relief s'il vous plait! Ce soir, c'est "La créature du lagon noir". Ce soir, ses ridicules lunettes anaglyphe sur le nez, Vincent est définitivement envouté par le Gill-man, "l'homme aux branchies de poisson".
Trente ans après cette révélation, Vincent rend enfin hommage à sa façon au film qui a forgé sa passion d'adulte.

"Suite à la découverte en Amazonie d'un fossile supposé représenter le chaînon manquant entre l'homme et le poisson, une expédition composée d'aventuriers et de scientifiques se rendent sur place. A bord de leur esquif à moteur, ils pénètrent une région encore inexplorée de l'Amazonie, le "lac noir". Les explorateurs se trouveront alors très vite confrontés à l'objet de leur quête, une créature amphibie à la physionomie humaine. Après quelques échauffourées avec les intrus qui viole son territoire, la créature tombe sous le charme de la seule fille du groupe, Kay Lawrence(Julia Adams), et l'enlève. Les aventuriers sauveront la belle des griffes du Gill Man, alors réfugié dans sa tanniére. Criblé de balles par ces "héros" vindicatifs, la créature regagnera les eaux Amazonienne pour y mourir."  

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 Nous sommes en 1953. Bien que les monstres Universal (Dracula, Créature de Frankenstein, momie, loup garou...) aient toujours les faveurs du public, ils sont cependant relégués aux rangs de faire valoir dans des comédies lourdingues. D'émanations des enfers capables de terroriser des salles entières, nos vieux monstres étaient devenus, par la volonté de producteurs peu scrupuleux, de pauvres clowns pathétiques! Mais le public réclamait sa dose de frayeur sur écran blanc. Et ce n'était plus un pauvre hère recousu revenu à la vie ou une momie grassouillette (Ah, la bedaine triomphante de Lon Chaney Jr dans sous les bandelettes de "Mummy's ghost"...) qui auraient les épaules d'accomplir cette rude tâche.
Qu'à cela ne tienne: Ils leurs suffirent d'en créer un nouveau! CQFD!
Ce nouveau, ce fut le "Gill man". Mi homme, mi poisson, digne successeur des monstres "classiques", le "Gill man"("homme aux branchies") est issu d'un roman de Maurice Zimm. Adapté par les scénaristes Harry Essex et Arthur Ross, il ne manquait plus qu'au projet un réalisateur apte à mettre en valeur ce nouveau monstre destiné à terroriser les masses. 
"Qui mieux que Jack Arnold pour ce job??" se dirent les pontes de la Universal! Ils eurent le nez creux.

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Encore tout auréolé par son succès du "Météore de la nuit"(It came from outer space), Arnold semblait être l'homme de la situation. Et en effet, avec un sens de la mise en scène ne cédant jamais à la facilité et un goût pour un fantastique teinté de poésie, Jack Arnold su magnifiquement mettre en images cette variation sur le thème de la belle et la bête.
Mais parlons en justement de la bête, sujet du nouvel effort de Vince.
 Le costume du "Gill man" évite soigneusement l'effet "combinaison caoutchouteuse" (ce qu'il est pourtant!!) grâce aux talents conjoints des maquilleurs Bud Westmore et Jack Kevan.

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Il est cependant à souligner que le design de la créature est dû à une personne du beau sexe, fait suffisamment rare dans ce métier pour ne pas le noter. Car c'est sous les crayons de Millicent Patrick que le "Gill man" est effectivement né.

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Pas moins de trois personnes revêtirent les écailles de l'homme amphibie.
 Dans la brève scène dans laquelle la créature est transformée en torche vivante, ce fut le cascadeur Al Wyatt qui transpira sous la combinaison de caoutchouc.
Mais plus notablement, ce sont les "acteurs" Ben Chapman et Ricou Browning qui se disputent le titre de "l'homme derrière le masque".

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La démarche hésitante, les bras tendus devant lui, l'interprétation que donne Ben Chapman de la créature sur la terre ferme n'est pas sans rappeler le monstre de Frankenstein version Karloff. La patte Universal?
Il fallait bien un Ex G.I rompu à tout les sports, tel que Ben Chapman pour se mouvoir sous l'épais costume.
Tout aussi méritant, sinon plus, était celui qui nageait dans cette même tenue.

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Cascadeur et nageur émérite, Ricou Browning est pour de nombreux fans de part le monde LA créature! Il est vrai que les scènes les plus mémorables du film d'Arnold sont incontestablement celles se déroulant sous l'eau, au court desquelles le monstre écailleux évolue dans son milieu naturel.

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Empreint d'une vrai poésie, ces scènes sous marines justifient à elles seules l'emploi du relief. Car ce n'est pas seulement par choix personnel qu'Arnold opta pour le noir et blanc alors que le Technicolor eut été de rigueur. En effet, le procédé de relief "anaglyphe"(le plus ancien et le plus populaire) s'accommode mal des images en couleurs, les lunettes aux filtres rouge et bleu dénaturant les teintes d'origines. Ce gadget commercial, imposé par la Universal, était censé concurrencer la télévision, alors en plein essor. Et ainsi faire sortir les familles Américaines de leurs doux foyers.

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Si comme Vince vous stockez tout ce qui concerne de prêt ou de loin le fantastique et la Sf depuis votre plus tendre enfance, vous pourrez pleinement profiter grâce à vos ancestrales lunettes anaglyphes de ce photogramme en relief.

Les résultats du film au box office décidèrent les Studio à lui donner deux suites, faisant fi de la mort de la créature à la fin du premier opus. Sans être honteuses, ces deux séquelles ("la revanche de la créature", avec toujours Jack Arnold derrière les caméras  et "la créature est parmi nous", réalisé par John Sherwood) ne permirent pas aux spectateurs de retrouver le charme  désuet du film initial.

Fasciné par la créature depuis ce fameux soir d'Octobre 82, il était inconcevable pour Vincent de ne pas tenter de s'approprier un peu de la magie du film d'Arnold. Après avoir écumé le net et ses archives personnelles à la recherche de photos du monstre, Vincent en détermina l'échelle, et réalisa le squelette de son nouveau buste. 

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Puis il posa grossièrement les volumes, qu'il ajusta jusqu'à ce qu'il les jugea correct.

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Alors qu'il commence à lentement (il ne sait pas faire autrement...) donner les formes définitives à sa chère créature, Vincent se replonge avec nostalgie à cette époque charnière où son petit cœur de nerd en devenir s'ouvrit aux monstres en noir et blanc. Nous signalons à nos visiteurs que le port des lunettes anaglyphes vintages ne sont pas indispensables pour modeler un Gill man!

Parallèlement à la créature, il entame le façonnage du socle.
Modelée dans un bloc de plastiline, elle subira de nombreuses transformations, dont une cure d'amaigrissement drastique. Emporté dans son élan, Vincent avait tout simplement oublié que le sujet était la créature, et non le socle qui la met en valeur.

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Si le socle en lui même fut modelé en plastiline, la plaque qui portera le titre du film et qui viendra se placer contre le socle, est, elle, modelé en SuperSculpey.
Ceci afin d'en faciliter sa manipulation lors de la pose.


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Le modelage terminer, la plaque sera cuite, et viendra se fondre au socle.

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Comme pour son précédent buste, la texture pierre fut réalisée grâce à une boulette de papier alu judicieusement roulée sur l'intégralité du socle. 

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Avant d'affiner l'ensemble et de le mouler, Vincent finira le buste afin de l'ajuster au plus prêt du socle. Il laisse donc ce dernier en l'état, pour se jeter à nouveau sur sa "créature de rêve".

A SUIVRE... 





24/12/2011
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