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Space Frontier : L'exposition "Science et Fiction", à la cité des sciences et de l'industrie de la Villette. Chapitre VII

C'est de romans que sont issus les quatre films développants le hall consacré aux "Cités, sociétés, et utopies". Un point commun qui démontre que l'utopie et dystopies sont les thèmes les plus récurrents de la littérature science fictionelle. Abordant le sujet de front, ou de façon détourné, il est le miroir à peine déformant de nos sociétés actuelles,  en anticipant ou outrant ses déficiences.
L'un des plus parfait exemple pourrait être le roman "Quand ton cristal mourra"("longan's run" in VO), de George Clayton Johnson et William Francis Nolan. Edité en 1967, le récit dénonce avec virulence une course effrénée au jeunisme (Toute personne atteignant l'âge "canonique" de 21 ans, contre 30 dans le film, est tout bonnement supprimée!), anticipant cette peur du "vieux" qui gagne chaque jours un peu plus notre quotidien. Ainsi, l'image de la dégradation corporelle que nous cherchons à tout prix à éviter, mais que nous renvoies les personnes âgées,  nous poussent à les mettre au rebut, nous privant par la même de leurs bénéfiques expériences, dont nous ne serions que faire, trop obnubilés que nous somme par nos premières rides.

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Ce sont quatre costumes qui enluminent "l'âge de cristal", adapté au cinéma par Micheal Anderson:
L'un des costumes noir et blanc de limier, qui marqua la mémoire des plus anciens téléspectateurs d'entre nous, deux vêtements féminins de citoyen de la cité des dômes, des plus évocateurs, et une toge de cérémonie du carrousel.
Bill Thomas, que nous avons déjà évoqué lors de la section consacrée au "Trou Noir", est le responsable de ces tenues affriolantes aux tissus légers.
Tout aussi prolifique que talentueux, la carrière de Bill Thomas, qui débute en 1950, totalise 163 films en tant que "costume designer".

Et parmi la foultitude de titres qui emplirent le C.V du Sieur Thomas, figurent quelques curiosités. Comme "L'homme aux mille visages", de Joseph Pevney (1957), retraçant la carrière du grand Lon Chaney, avec James Cagney interprétant l'acteur qui personnifia le fantôme de l'opéra et le bossu de notre Dame.
Ou encore "Le décapité vivant" (1958), et sa tête dépourvue de corps qui malgré ce menu inconvénient continue à tailler la bavette.
Mais le titre le plus singulier auquel participa le bonhomme restera l'improbable pilote de la série "Wonder woman" (1974). Cette Wonder Woman là, incarnée par la blondinette Cathy Lee Crosby, est non seulement dépourvue de tout super pouvoir, mais n'a pas plus de bustier avantageux que de mini short étoilé. Elle est en somme plus proche d'une Emma Peel que d'une super amazone. Devant cette trahison, le concept de la série sera totalement refondu, pour revenir au plus prés du personnage original de DC Comic. Et ainsi, Linda Carter, se substituant à Miss Crosby, personnifiera pour des décennies la belle amazone Diana Prince, et deviendra l'icône gay qu'elle est aujourd'hui.
Ceci étant, il serait fort peu gracieux de notre part que de ne pas signaler les huit nominations aux Oscars qu'a obtenu Bill Thomas, ainsi que son Oscar remporté en 1961, pour un obscur petit film appelé "Spartacus", réalisé par un certain Stanley Kubrick. 

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Autre film, et autre adaptation d'une oeuvre littéraire,  "Starship troopers" aborde un tout autre aspect de nos sociétés. Edité dans nos vertes contrées en 1974 sous le titre "Etoiles, garde-à-vous!", le roman de Robert A. Heinlein a suscité dés sa parution en 1959 de vives polémiques. L'auteur fut taxé de nationaliste, raciste, fasciste, ou encore pro militariste. A quelques controverses prés, ce sont les même polémiques qu'essuya paul Verhoeven en 1997 lors de la sortie de sa version sur pellicule.  Mais si Heinlein se défendit de ces accusations tout en assumant le caractère ouvertement militariste du livre (l'un des personnages déclare, sans être contredit, que "la violence a réglé dans l'histoire plus de questions que n'importe quel autre facteur". Rappelons qu'Heinlein passa six ans sous le drapeau étoilé.), Verhoeven, lui, s'accapare ces même clichés militaristes, propagandistes et fasciste, pour mieux les détourner, les parodier, et dénoncer les horreurs que provoquent les guerres. Comme à l'accoutumer, cette vielle canaille Hollandaise créa le scandale, s'en amusa, et avec lui le public qui comprit que "Starship Troopers" n'avait rien d'une ode guerrière.

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A l'instar du film auquel elle apporte son talent,  la "costume designer" Ellen Mirojnick (voir ICI pour admirer quelques autres de ses créations) détourne subtilement les coupes d'uniformes d'officiers SS, pour instiller au spectateur un sentiment de "déjà vu" provocateur.

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Ellen Mirojnick fraya par quatre fois les plateaux dirigés par notre hollandais préféré (après Dave, il va sans dire!). Elle débuta sa collaboration avec Verhoeven sous les meilleurs hospices, en créant la célébrissime robe de Sharon Stones dans "Basic Instinct" (1992). Elle créera par la suite les costumes de strass et paillettes de "Showgirls" (1995), ainsi que les vêtements de l'homme invisible (ah, humour, quand tu nous tiens...) de "The hollowman" (2000).
 L'expo "Science et fiction" accorde une attention toute particulière au douzième film du réalisateur de l'autre pays du fromage. Car outre ses costumes et uniformes, la cité des sciences nous gratifie d'une colossale maquette du vaisseaux spatial  "Rodger Young", de 6 mètres au garrot! Cet imposant vaisseaux de guerre de la Fédération joue dans le film un rôle prépondérant, en prenant héroïquement part à la bataille de Klendathu, pour en revenir sans dommage sévère.

Conçu en plusieurs exemplaires de différentes échelles, le "Rodger Young" de 5,50M exposé à la Cité des sciences est un modéle unique. Celui ci fut construit en un seul exemplaire, pour les plans très rapprochés. Deux versions "réduites" de 2,80M furent réalisées, et douze autres mini "Rodger Young" de 50Cm furent utilisés pour les plans larges, et d'autres encore d'à peine quelques centimètres.
 Sortie des ateliers "Thunderstone Model Shop", département maquette de la société d'effets spéciaux "Sony Imagework", le "Rodger Young" est le vestige d'une époque où la CGI n'avait pas encore imposé sa domination.  En effet, le navire de guerre de "Starship Troopers" est l'une des dernières maquettes de grandes tailles représentant un vaisseaux spatial qui soit apparu sur un écran de cinéma. 

Six films entre 1968 et 1973, un remake en 2001, une préquelle en 2011, une série télé, une série animée, des comics... Pierre Boulle se doutait il un seul instant en écrivant "la planète des singes" en 1963, que son roman deviendrait une franchise qui ferait chauffer les tiroirs caisses Hollywoodien pendant des décennies? Certes pas! 
Parmi toute ces adaptations, suites et déclinaisons, aucune ne fut fidèle au roman de l'écrivain Avignonnais(précision superfétatoire, mais votre serviteur et auteur de ces lignes étant lui même un Avignonnais de souche, vous me pardonnerez ce petit sursaut de chauvinisme.). Mais on pardonnera bien vite cette trahison, pratique dont le cinéma est coutumier, devant le twist final du premier film de la franchise, réalisé par Franklin J.Schaffner. Un retournement final d'une telle puissance, qu'il fait passer, encore aujourd'hui, les twists du "Sixième sens" ou de "Usual suspect" pour de simples rebondissements crapoteux.  

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 Concepteur des costumes des deux premiers films de la franchise, "La planète des singes"(1968) et "Le secret de la planète des singes"(1970), Morton Haack participa dans les grandes largeurs à la caractérisation des personnages simiesques. Ainsi, les Chimpanzés, comme les deux scientifiques Cornélius et Zira, de tempérament pondérés et pacifistes, porteront des vêtements dans les grands proportion confectionnés en tissus.
Au contraire des gorilles, qui eux, représentant l'impulsivité et le violence, seront bardés de cuir noir. Chevauchants leur montures en plastron, bottes et gants de peau, on ne pouvait, à l'époque de son exploitation en salle, ne pas faire le rapprochement avec les "bikers" et autres "jeunes aux cheveux longs" qui sillonnaient alors les Etats Unis, en semant la panique chez le bourgeois.

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 Sobres et fonctionnels, les costumes créés par Morton Haack pour la population la plus velue de cette (pas si) étrange planète, s'harmonisent parfaitement avec les décors d'une civilisation en pleine évolution.  
Ce qui n'est pas forcément le cas pour les costumes de son remake,  réalisé par ce bon vieux Tim Burton, qui entame là son déclin artistique.

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 Des recherches poussées de textures et de matières, des assemblages sophistiqués... les costumes conçus par Colleen Atwood pour "The planet of the apes" cuvée 2001, dénotent quelques peu avec l'environnement frustre, qui n'est pas si éloigné des décors de Norman Rockett et Walter M. Scott dressés en 1968.
Si l'on passe sur ce qui pourrait être un bug de la direction artistique, les costumes présentés en vitrines sont de véritables oeuvres d'art, que l'on ne se lasse pas de scruter et d'admirer dans les moindres détails!

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Il faut dire que Mme Colleen Atwood a des antécédents qui justifient une telle maîtrise : Costum designer sur entre autres "Le silence des agneaux"(1991), "Philadelphia"(1993),"Wyatt Hearp"(1994), "Bienvenue à Gattaca"(1997), ou encore "Mémoire d'une geisha"(2005), qui lui valu l'un de ses trois oscars, elle est une pièce maîtresse dans l'univers de Tim Burton. Elle débuta sa collaboration avec le réalisateur aux cheveux fous en 1990, avec le film phare dans l'oeuvre de Burton, "Edward aux mains d'argent". Puis ce fut "Ed Wood"(1994), "Mars attack!"(1996), "Sleepy hollow"(1999), "la planète des singes"(2001), "Big fish"(2003), "Sweeney Todd"(2007), "Alice au pays des merveilles"(2011),  dont ses costumes furent oscarisé, et enfin, à venir en 2012, "Dark Shadows".  Un bien beau palmarès, qui fait de Miss Atwood l'une des créatrices de costumes les plus côtés d'Hollywood.

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Que n'a t il pas était encore dit sur "Blade Runner"? Que s'il n'a pas remplie les espoirs financiés de la Warner lors de sa sortie en 1982, il est devenue avec le temps une oeuvre incontournable, au même titre que "2001, l'odyssée de l'espace"? Ca, on le sait. Qu'il existe sept versions du film, et deux fins différentes? On le sait aussi. Que Ridley Scott ne semble pas avoir lu le roman original, "Do androïds dream of electric sheep" de Philip K. Dick, jusqu'au bout? C'est en tout cas ce que supposérent les amoureux des romans de Dick, à la vision du film.
Car si l'on excepte les maintes forfaitures et arrangements scénaristiques qu'induisent une transposition sur grand écran d'une oeuvre littéraire, la trahison majeur, fut de faire de Rick Deckard, le chasseur de Réplicant, un Réplicant lui même. Alors que l'idée n'est même pas effleuré dans le roman, David People et Hampton Fancher, les scénaristes, insuffle cette mise en abîme, qui se dessine par petites touches à chaque nouvelle édition du film, pour laisser éclater l'évidence lors de l'ultime version, "The final cut", en 2007. Une belle et courageuse prouesse scénaristique, qui s'éloigne du matériaux de base, sans pour autant le renier.
Qu'en aurait pensé Philip K. Dick, décédé quelques jours avant la sortie du film? 

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 Pour Ridley Scott, "Blade Runner" se veut avant tout un polar futuriste. Le flic désabusé, Rick Deckard, a tout du profil d'un Mike Hammer ou d'un Philip Marlow. Rachel, la femme fatale un peu paumé. Roy Batty, l'ennemi retors et charismatique, qui remettra en cause les convictions du héros.
Les personnages établis, il convient de les placer dans  l'atmosphère idoine et leurs fournir les accessoires correspondants :  Pluie incessante, piéces enfumées, whisky, holster et gros pétards, costard pour le héros, et manteau de fourrure pour la fille qui bouleversera la vie du vieux briscard. Charles Knode, costume designer du monument cinématographique, ce risque même a imposer un imperméable au héros, vêtement indissociable du film noir.
La veste, chemise et cravate exposés  à La cité des sciences sont représentatives de l'ambition de Knode. La coupe classique de la veste est contre balancée par sa couleur pétard, soutenue par  une cravate...toute aussi "remarquable".
Charles Knode obtint un Oscar en 1995, amplement mérité, pour les costumes du film "BraveHeart", de Mel Gibson. Il signa également les costumes de "Legend"(1985), du Bond renegat "jamais plus jamais"(1983), et de "1492, Christophe Colomb"(1992), de nouveau pour Ridley Scott.

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La preuve la plus irréfutable de l'existence des extra terrestres, est qu'ils n'ont jamais tenté de nous contacter! Suite et fin de notre périple science fictionnesque JUSTE LA, avec le hall consacré aux extra terrestres. 

 



18/05/2011
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